Techniques de modelage, sculpture et fonderie

Daniel Lambert présente des techniques de modelage, sculpture et fonderie d'art.

Dans cet article technique, je vous propose de découvrir une synthèse des connaissances de modelage, sculpture et fonderie. Je vous invite à partager dans les commentaires vos expériences et ressentis sur ces différents domaines de création.


la technique du modelage

Le modelage fait appel à plusieurs techniques de façonnage qui peuvent être utilisées séparément ou combinées. Ce sont :
1 – Technique du colombin :
La forme est montée à l’aide de boudins, façonnés à la main ou à la machine (boudineuse), au diamètre et à longueur déterminés.
2 – Technique de la plaque :
La forme est montée à l’aide de plaques, façonnées à la main et au rouleau de pâtissier ou à la machine (croûteuse), aux épaisseurs et profils préalablement déterminés.
3 – Technique de la boulette :
La forme est montée à l’aide de boulettes, façonnées à la main, au diamètre désiré et en fonction du travail à effectuer.
4 – Technique de l’entaille :
La forme est obtenue par l’exercice de la taille (extraction de la matière). On notera que la gravure peut être considérée comme une application dérivée du procédé.
5- Technique du tournage :
La forme est montée sur un tour (tour de potier) par façonnage de la matière à l’aide d’outils spécifiques et de la main. Cette technique utilise la « rotation ». Elle demande beaucoup de doigté et des heures d’apprentissage.

Comme il est précisé plus haut, ce sont des matières « plastiques ». On les trouve chez tous les distributeurs de produits pour les Beaux-Arts et les Arts Plastique :

  • 1 – Les pâtes à modeler : pâtes aux couleurs vives appréciées des enfants.
  • 2 – Les pâtes à sculpter : pâtes blanches, pâtes à bois, résines bi-composants
  • 3 – Les terres : faïences, grés, porcelaines, toutes les argiles.
  • 4 – Les cires : cire d’abeille, cires synthétiques, cires à modeler, Plastiline

Les outils sont multiples et variés, parfois fabriqués par le sculpteur lui-même pour répondre à une difficulté spécifique. Ce sont les prolongements efficaces de la main de l’artiste (qui reste l’outil principal). Parmi les plus courants on trouve :
Les ébauchoirs – Les mirettes (rondes et coupantes) – Les spatules (en bois et en métal) – Les compas (droits, d’épaisseur) – Le rouleau de pâtissier – Le fil à couper (acier ou nylon) – Les couverts de table : cuillères à café et à soupe, couteau de cuisine et fourchette.

Autres matériels :

Les selles de sculpteur : selles de table, selles sur pieds (en bois ou acier inox) – Le tour de potier – Les cales d’épaisseur et planches (en bois) – Les sacs plastiques et films plastiques – Le vaporisateur d’eau – Les pinceaux, éponges et chiffons – Enfin les récipients en caoutchouc

Vous trouverez dans l’ouvrage de Daniel Lambert « Moulage et Fonderie d’art » les explications détaillées et illustrées de ces techniques.

La technique de la sculpture

La sculpture est une technique faisant partie des nombreuses disciplines des métiers des arts plastiques.
Elle permet à l’homme de concrétiser son imaginaire à travers le façonnage de la matière. Comme l’écriture, le dessin, la peinture, la musique, la photographie, la vidéo et les outils de l’informatique domestique d’aujourd’hui, la sculpture est un moyen d’expression.
Avec le dessin et la peinture (virtuels ou non) ce sera toujours le moyen pour l’homme de sauvegarder son patrimoine intellectuel.

Les trois grandes techniques de sculpture : le modelage, la taille et l’assemblage.

1 – Le modelage : Le modelage consiste à malaxer la matière pour en faire surgir une forme. Malaxer, pétrir, triturer sont des termes qui correspondent bien à cette discipline qui, au passage, est sans doute la plus « sensuelle » de toutes les autres techniques. On parle généralement de matières dites « plastiques ». Une matière est « plastique » lorsque soumise à une force déterminée celle-ci se déforme et conserve sa déformation au moment où la force est annulée : c’est le cas des pâtes à modeler, des argiles et des cires à modeler. Le façonnage de la matière s’effectue avec les mains et à l’aide d’outils spécifiques.

2 – La taille : La taille consiste à extraire d’un bloc des morceaux de matière solide (Bois, pierre, glace, etc.) pour obtenir la forme recherchée. L’exercice de cette discipline peut être très physique et éprouvant selon la dureté du matériau. Le travail s’effectue essentiellement à l’aide d’outils adaptés (marteau, masse, burins, marteau piqueur, ponceuse, polisseuse, etc.)

3 – L’assemblage : L’assemblage consiste à monter une forme en fixant des morceaux de matière les uns aux autres à l’aide de liants spécifiques (colle, soudure, rivets, etc.) Les morceaux utilisés peuvent être de même nature (homogènes) ou de natures différentes (hétérogènes).

L’artiste ne pratiquant ni la taille ni l’assemblage renvoit le visiteur vers les moteurs de recherches du WEB. Il se limite ci-dessous aux techniques du modelage.

La technique de la fonte ancestrale, la fonderie

La fonte ancestrale est une des techniques de fonderie. Son originalité est qu’elle nous vient de la nuit des temps après que l’homme ait découvert et maîtrisé le feu.

Elle est encore largement utilisée de nos jour par les amis fondeurs en Asie et en Afrique, notamment au Burkina Faso où il est aisé de rencontrer des maîtres fondeurs. Elle utilise des moules « céramiques », composés d’une mixture appelée « Banco« . La mixture est faite d’argile, de sable et de crottin de cheval (séché, pillé puis passé au tamis).
Elle est plus appropriée à la fabrication de petits modèles en bronze à partir d’originaux fabriqués avec de la cire d’abeille ou de la cire synthétique.

La technique consiste à prendre une terre silico-argileuse que l’on fait sécher que l’on pille avant de la passer au tamis. On fait de même avec du crottin de cheval que l’on fait sécher, que l’on pille et que l’on tamise.
Terre, sable et crottin sont mouillés et malaxés jusqu’à obtenir une mixture plastique parfaitement homogène. La mixture est appliquée directement sur la cire en une couche de 1 à 2 millimètres d’épaisseur, puis séchée.

L’opération se répète plusieurs fois pour former un moule de moins de 1,5 cm d’épaisseur.
No procède ensuite au décirage en présentant le moule contenant la cire auprès d’un feu de bois. Au fur et à mesure de la fonte de la cire, le moule (potée) est vidé et amené finalement au centre du brasier. Soumis au feu, l’argile se solidifie (elle cuit tel une céramique). Les moules sont portés au rouge et maintenus en température, le temps de procéder à la fonte du bronze.

Dans le four de fusion généralement creusé dans la terre reçoit à brûler du charbon de bois. On place dans le creuset des morceaux de bronze et on positionne ce dernier au centre du four. Il est entouré et recouvert de charbon de bois. A l’aide d’un aspirateur ou d’une turbine à manivelle, de l’air pulsé alimente en puissance le coeur du four pour parvenir à la température de fusion de l’alliage. Lorsque le bronze est liquide et que la température du bain atteint les 1100°C, les potées sont ôtées du brasier et placées en zone de coulée. Le bronze est jeté dans la gueule du moule (la golette).
Lorsque le moule est tiède (< à 200°C), on le brise à coups de masse. C’est l’instant attendu, celui de la « naissance du bronze ». Cette opération s’appelle le décochage. Dans la douleur, le bronze naît entre les mains du fondeur.

Histoire d’en dire plus

A – Bronze d’art :

Rapport Poids cire/Poids bronze

Pour calculer les besoins en bronze : mesurer le poids de la cire (jet et évents compris), multiplier le résultat par 9. On atteint vite un poids démesuré en bronze plein, raison pour laquelle les bronzes sont généralement creux.

La qualité d’un bronze creux se juge par l’épaisseur de la paroi (à moduler selon l’importance de l’objet) : bronze de décoration (statuaire) 3 à 4 mm – Bronzes monumental entre 8 et 12 mm
Le bronze : pérennité de l’œuvre

Le sculpteur ne doit pas négliger la fonderie d’art. C’est une composante majeure pour son œuvre. La « fonderie d’art » est synonyme de « bronze » et le « bronze » est synonyme de « pérennité ».
Comme le dit Ipousteguy interviewé par Nicole Crestou dans le numéro 01 de SCULPT’AGE : << Les bronzes sont moins fragiles à transporter, plus résistants. Ils ne s’abîment pas. J’aime le bronze pour sa solidité, il traverse le temps et ne bouge pas… >>.
Arguments qui soulignent l’importance pour un sculpteur de finaliser ses créations par une reproduction en bronze. C’est sans nul doute le meilleur moyen de transmettre à nos descendants le témoignage d’un savoir, d’une pensée, d’un imaginaire et peut-être de bien d’autres choses encore…

B – Observations :

1 – Peu de sculpteurs travaillent directement sur cire. La majorité est habituée à modeler la terre, certains préfèrent la taille, d’autres procèdent par assemblage. Cependant, tous devront faire appel aux techniques du moulage pour obtenir la réplique en bronze de leur modèle. Les uns apporteront l’objet au fondeur, d’autres apporteront le moule.

2 – A ceux qui se lanceront dans l’exercice du moulage, je conseille, plutôt que d’essayer des solutions qui peuvent paraître économique (au départ) et qui ne manqueront pas d’apporter de nombreux déboires (perte de temps, risques potentiels, insatisfaction sur le résultat final), il vaut mieux prendre des voies sûres comme le sont les Elastomères silicones et l’alginate.

3 – Un pour tous, tous pour un !
Le fondeur d’art s’exprime à travers six métiers dont chacun à lui seul en est un, c’est-à-dire que l’expérience à acquérir en chacune des disciplines représente à elle seule un savoir et savoir-faire unique, fruit de longues années de pratique.
S’il vous est un jour possible de visiter une fonderie d’art (journées du patrimoine), vous y trouverez dans l’ordre les ateliers du « Mouleur ». il imprime (met en mémoire dans un moule) l’image de l’objet à reproduire et ultérieurement conçoit le moule de fonderie (sable, plâtre, céramique).
Celui du « Fondeur » : spécialiste de la cire, il développe l’image de l’objet et ajoute les différents artifices (canaux) de fonderie (jets, évents, golettes, masselottes, tires cire, etc.)
Celui du « Bronzier » : il s’occupe de la fusion et de la coulée du métal qu’il jette dans les moules réfractaires (potées)
Celui du « Ciseleur » : il redonne au métal brut de fonderie l’aspect agréable en veillant à la fidélité de la pièce et de l’original.
Celui du « Patineur » : il apporte la couleur à la peau du métal, sorte de vieillissement artificiel créé à chaud ou à froid.
Celui du « Socleur » : il fabrique le socle sur lequel repose l’œuvre d’art

C – Avertissement « virus fondeur » :

Il est important d’avertir l’artiste Internaute en passe d’attraper le virus du fondeur sur ce qui l’attend. Tout « aventurier » qui se lance dans la pratique de la fonte doit posséder une excellente aptitude au travail manuel, avoir une bonne « intelligence » des choses techniques, être inventif. Car, en dehors du fait qu’il doit apprendre à maîtriser les différents aspects techniques du métier, il doit aussi acquérir les « savoir-faire » des disciplines mises en jeu.
Ceci dit, que cela ne le stoppe pas dans son élan. Avec de la patience, un bon apprentissage, de la volonté et beaucoup de persévérance, on finit par atteindre le but fixé. Au bout du compte soulignons qu’après les inévitables déboires du début, viennent les moments de bonheur et d’émotion intense qui font oublier les galères.

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Daniel Lambert

Daniel Lambert est un artiste autodidacte et pluridisciplinaire. Peintures, sculptures, bronzes, argile cuite...

3 commentaires

  1. Merci pour cet article éclairant. J’ai très envie de faire une sculpture en bronze et je constate que le chemin sera semé d’embûches mais cela ne me découragera pas. Je vais donc devoir creuser le sujet, très très sérieusement. En tout cas merci.

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